Quel sentiment ressent-il en perdant ?
que révèle ce sentiment sur lui : sur sa perception de lui-même en tant qu’individu, ou au sein de groupe?
Lorsqu’il perd, l’enfant est fâché contre lui-même. Il a le sentiment d’être « nul » et c’est insupportable pour lui. L’enfant a l’impression de décevoir et se sent parfois dévalorisé au sein du groupe : peur que les autres ne l'aimeront plus, qu’il ne sera jamais choisi dans les équipes, etc.
Les enfants hypersensibles sont-ils plus “mauvais joueurs" ?
Toutes les émotions sont vécues de façon très intense chez l’enfant hypersensible, il va donc exprimer son mécontentement dans la démesure et n’arrivera pas à prendre de recul sur le moment ou à se calmer seul.
Une attitude bienveillante, de compréhension et d'invitation au dialogue est toujours un plus face à une crise de colère. Comme par exemple prendre l'enfant dans ses bras permet de lui communiquer un message de tendresse et de compréhension.
Quelle est l’influence des adultes ?
Les enfants se construisent dans le reflet que leur renvoient les adultes. Si on attribue à l’enfant trop souvent l’étiquette de « mauvais joueur », il aura tendance à se définir ainsi et à construire une partie de son identité autour de cette particularité. On obtiendrait alors l'inverse de l'effet escompté.
Comment bien réagir sur le moment : que dire/ne pas dire ?
La première chose à faire c’est de laisser l’enfant se calmer seul. On lui explique ensuite qu’il ne peut pas toujours gagner et qu’il a le droit d’être contrarié. A partir du moment où on lui reconnaît ce droit, cela peut être constructif pour lui. Évitons de juger négativement sa réaction, car cela reviendrait à nier sa peine, à faire comme si cette sensation qu'il éprouve n'existait pas. Sa réaction naturelle serait alors d'exprimer cette peine encore plus intensément la prochaine fois, puisqu'elle n'a pas été entendue.
« Ce n’est pas grave ! » est souvent une phrase qu’on dit pour calmer l’enfant, mais on crée l’effet contraire. Ou encore « tu gagneras la prochaine fois » : évitons de banaliser ou de nier la peine de l’enfant et essayons plutôt de mettre des mots sur son ressenti : « Je comprends que c'est difficile et douloureux quand on perd. Moi-même il m'est arrivé de perdre et d'être triste... ». Si l'on part de son expérience personnelle, cela peut permettre d’ouvrir le dialogue et de mettre fin à la crise de nerf.
Ensuite, on peut discuter avec lui en offrant des pistes de réflexion : est-ce que s’il gagnait tout le temps, les autres voudraient jouer encore avec lui? Est-ce que gagner est le seul plaisir qu’on peut avoir quand on joue à un jeu? Habituellement, l’enfant dénoue peu à peu son obsession de gagner quand il comprend que c’est impossible d’être bon dans tous les domaines.
Faut-il le laisser gagner ?
Si votre enfant perd tout le temps, c’est que le jeu n’est pas adapté à son âge. En le laissant gagner, vous maintenez l’illusion qu’il est le maître du jeu… ou du monde. Or, le jeu de société sert précisément à lui apprendre qu’il n’est pas tout-puissant et qu’il doit respecter les règles et les autres joueurs.
Peu à peu, l'enfant acceptera de perdre et arrivera à s’amuser, même s’il ne gagne pas à tous les coups ! Cela lui permettra plus tard de relativiser face à l’échec.
Sur le long terme : comment l’aider ?
Ne pas encourager la compétition à la maison :
Au lieu de dire « le premier qui a fini de s’habiller a gagné », dites plutôt « on va voir si vous arrivez tous à vous habiller en dix minutes ». Les inciter à coopérer plutôt que les mettre sans arrêt en compétition, les aident aussi à comprendre l’intérêt et le plaisir d’être ensemble plutôt que de gagner individuellement.
Montrer l’exemple :
Que ce soit un jeu ou un sport, si vous exprimez une mauvaise humeur à la fin, vos enfants feront pareil à leur niveau. (Il y a des gens qui restent mauvais joueurs toute leur vie, mais ce ne sont pas forcément les partenaires les plus recherchés).
Quels types de jeux favoriser ? Faire des jeux de coopération :
L’avantage de ces jeux, c’est qu’il n’y a ni gagnant ni perdant. Les jeux coopératifs, que l’on joue à partir de 4 ans, amènent ainsi l’enfant à entrer en relation avec les autres. Il apprend l’entraide, la ténacité et le plaisir de jouer à plusieurs pour le même objectif. Les jeux de société, en revanche, poussent les joueurs à entrer en compétition. Le gagnant est valorisé, il a plus d'habileté ou de chance. Il est donc intéressant d’alterner ces deux types de jeux, voire de laisser de côté ceux qui sont trop compétitifs pendant quelque temps lorsqu’il y a trop de conflits et d’y revenir régulièrement.
A quel âge doit-on s’inquiéter d’un enfant mauvais joueur et que faire ?
A partir du moment où cela devient fréquent, et commence à gêner le quotidien de l'enfant et de sa famille. Il est important de proposer un espace à l'enfant où il pourra exprimer sa frustration et sa colère : cela peut se faire par la parole à un tiers, par l'expression artistique ou corporelle etc.